- NACRE
- NACRENACRESubstance calcaire animale, dure, translucide et brillante, à reflets irisés et chatoyants, constituée de minces lamelles transparentes et superposées d’aragonite qui constituent la couche interne de la coquille d’un grand nombre de mollusques bivalves, la nacre est sécrétée par l’épithélium externe du manteau de ces animaux. Les principaux coquillages produisant la nacre sont: l’huître perlière, le burgau et le nautile (céphalopodes). La nacre est blanche, rosée, bleutée ou grise; on peut la teinter en noir par immersion dans un bain de chlorure d’argent. On distingue, d’après leur couleur et leur provenance, différentes catégories de nacres: nacre franche, nacre bâtarde blanche, nacres d’oreille de mer, de burgau (ou burgaudine), de coquille de perle. On travaille la nacre en la débitant à la scie trempée, parce qu’elle ne se laisse attaquer ni par le burin ni par la lime; puis, elle est meulée et découpée en plaquettes plus ou moins épaisses, le polissage de finition étant obtenu par frottement à l’abrasif ou à l’acide. La nacre peut être employée entière, une fois décapée, si l’on veut mettre en valeur la beauté de la forme du coquillage; on monte alors celui-ci dans des garnitures de métal précieux pour en faire des objets décoratifs (vases, nefs de table, salières, coupes, coffrets, par exemple) incrustés d’argent ou d’autre métal. En marqueterie, elle est collée dans le bois par plaques de formes variées; elle est tournée ou sculptée pour la tabletterie, la bijouterie, la coutellerie. On fait, selon la même technique, des boutons et des jetons. La nacre a été utilisée à toutes les époques. La Renaissance a produit des pièces remarquables telles que la nef du cardinal de Lorraine, constituée d’un nautile monté en argent doré sur roues (XVIe s., Saint-Nicolas-du-Port, Meurthe-et-Moselle) et la navette à encens, toujours en forme de nef, conservée dans le trésor de la cathédrale de Chartres. La fragilité du matériau laisse à penser qu’à aucun moment ces précieuses pièces n’ont pu être employées comme objets utilitaires.• 1560; nacrum, nacleXIVe; it. naccaro; ar. naqqara1 ♦ Vx Pinne marine.2 ♦ (XVIIe) Mod. Substance à reflets irisés qui tapisse intérieurement la coquille de certains mollusques (burgau, mulette, huître), utilisée en bimbeloterie, marqueterie. Nacre des perles. Boutons de nacre. Collier en nacre.3 ♦ Littér. Couleurs, reflets nacrés. « la nacre changeante de leurs flancs [des dorades] » (Zola).nacren. f.d1./d Substance calcaire et organique, dure, brillante, à reflets irisés et chatoyants, qui recouvre la face interne de la coquille de certains mollusques et que l'on utilise en bijouterie et en marqueterie. Perles véritables en nacre pure. Boutons de nacre.d2./d Litt. Couleur nacrée.⇒NACRE, subst. fém.A. — 1. Matière calcaire (mélange de conchyoline et de carbonate de calcium), blanche, dure, à reflets irisés, sécrétée par certains mollusques et revêtant l'intérieur de leur coquille, formée de lamelles superposées parallèles, utilisée en bijouterie, en tabletterie et en marqueterie. Conque de nacre; boutons, collier, crosse, étui de nacre; nacre jaunie, peinte. La drague rapporta aussi une assez grande quantité d'huîtres, dont la nacre était si belle, qu'il paraissait très-possible qu'elles continssent des perles (Voy. La Pérouse, t.3, 1797, p.23):• 1. Tous les autres foyers de lumière étaient cachés, irisaient secrètement les verres de Venise, les gondoles filées, la nacre des éventails, jetaient des bouquets de soleil dans les miroirs.DRUON, Gdes fam., t.1, 1948, p.152.— Vieilli. Nacre de perle(s). Même sens. Une petite table (...), en bois incrusté de nacre de perles (LAMART., Voy. Orient, t.1, 1835, p.245). Elles discutent sur les manches d'ombrelle; l'une les aime mieux en ébène, l'autre en nacre de perle (TAINE, Notes Paris, 1867, p.277).2. P. méton.a) Coquillage, coquille contenant de la nacre. Dans ce domaine [le grenier], je passais des heures seul, tranquille, en contemplation devant des nacres exotiques, rêvant aux pays d'où elles étaient venues, imaginant d'étranges rivages (LOTI, Rom. enf., 1890, p.113):• 2. La nacre est la coquille de la pintadine, l'huître perlière. Elle se fixe au fond des lagons par un byssus comme une moule. Il lui faut 4 ans pour atteindre une taille commerciale. C'est pourquoi les secteurs des lagons nacriers ne sont ouverts à la plonge de la nacre que selon cette périodicité. Tous les lagons des îles hautes comme des îles basses étaient autrefois peuplés de nacre.P. MAZELLIER, Tahiti, Lausanne, éd. Rencontre, 1963, p.142.b) Ouvrage incrusté de nacre ou comportant un travail de la nacre. Nacre chinoise. À l'horizon, sur l'avancée du fort d'Aubervilliers (...) le gouverneur et son état-major, petit groupe fin, se détachant comme sur une nacre japonaise (A. DAUDET, Contes lundi, 1873, p.98).B. —P. anal., littér. Reflet, couleur semblable à celui/celle de la nacre. Il renversa la tête vers le halo de nacre qui emplissait le haut du ciel (COLETTE, Chéri, 1926, p.184). Sous les frictions qu'Angélo faisait aller de plus en plus vite, il lui sembla que la chair [d'un jeune homme] s'amollissait, tiédissait, reprenait un peu de nacre (GIONO, Hussard, 1951, p.57):• 3. Si tu savais encor te lever de bonne heure,On irait jusqu'au bois, où, dans cette eau qui pleurePoursuivant la rainette, un jour, dans le cresson,Tremblante, tes pieds nus ont leur nacre baignée.TOULET, Contrerimes, 1920, p.107.Prononc. et Orth.: [
]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. [1347 lat. médiév. nacrum «matière blanche à reflets irisés qui se forme à l'intérieur de certains coquillages» (doc. du Dauphiné ds DU CANGE] 1389 nacle (Inventaire et vente des biens meubles de Guillaume de Lestrange, éd. H. de Lestrange, 7 ds IGLF: un hanap doré couvert, enfonsé de nacle); 1538 nacre de perles (doc. ds HAVARD); 1561 naccre de perle (Inventaire des meubles du château de Pau, 7 ds IGLF). Empr. à l'ital. nacc(h)aro, nacc(h)ara, nacchera, qui désigne à la fois un instrument à percussion (dep. le XIVe s. d'apr. DEI) et la nacre (1295, lat. médiév. naccara ds DU CANGE), lui-même empr. à l'ar.
«petit tambour» (d'où nacaire) qui a dû désigner par la suite une sorte de cor de chasse (sens att. pour le cat. nacre dès 1462), d'où «coquillage» p. anal. de forme (nacre désigne un coquillage en forme de corne à Minorque et sur les côtes de la Catalogne), d'où «nacre» p. méton. V. G. DE GREGORIO ds R. Ling. rom. t.12, pp.255-260; COR. et COR.-PASC.; FEW t.19, pp.137b-138a et HOPE, p.45. Fréq. abs. littér.: 335. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 279, b) 738; XXe s.: a) 523, b) 476.
DÉR. 1. Nacreux, -euse, adj. a) [Correspond à supra A] Qui ressemble à la nacre. Un certain prêtre révéla que les Japonais trouvaient une substance nacreuse dans la chair d'une espèce d'huître qu'ils ramassaient sur les rochers à la marée basse (E. DE GONCOURT, Mais. artiste, t.2, 1881, p.355). b) [Correspond à supra B] P. anal., littér. Qui a un éclat semblable à celui de la nacre. Glaciers, soleils d'argent, flots nacreux, cieux de braises (RIMBAUD, Poés., 1871, p.130). Un poisson qui est un enchantement de nacreuse couleur par l'argentement azuré de son ventre (PROUST, Temps retr., 1922, p.712). — [], fém. [-ø:z]. — 1re attest. 1871 (RIMBAUD, loc. cit.); de nacre, suff. -eux. 2. Nacrier, -ière, adj. et subst. a) Adj.
) Qui se rapporte à la nacre. Artisanat nacrier, industrie nacrière. (Dict. XXe s.).
) Qui contient de la nacre. Les habitants de certaines îles exploitent les huîtres perlières ou les coquillages nacriers (Encyclop. univ. Suppl. 1980, p.1059).
) Où l'on trouve des coquillages nacriers. Lagons nacriers (supra ex. 2). b) Subst. Celui, celle qui travaille la nacre. La poussière si ténue et si abondante qui s'échappe des coquilles de nacre que l'on scie ou que l'on travaille au tour cause ces affections [bronchites chroniques, hémoptysies, ...]. Cependant on remarque que les nacriers ne deviennent pas phtisiques en une plus forte proportion que les autres (LITTRÉ-ROBIN 1855, 1865). — [
], fém. [-
]. — 1res attest. a) 1855 ouvrier nacrier «ouvrier qui travaille la nacre» (LITTRÉ-ROBIN), b) 1903 «qui se rapporte à la nacre» (Nouv. Lar. ill.); de nacre, suff. -ier. 3. Nacrure, subst. fém. [Correspond à supra B] a) Éclat pareil à celui de la nacre. [Renoir donne à ses baigneuses] le poli et la consistance du kaolin; jamais le «blaireautage» de Bouguereau n'en dépassa la nacrure, le lissage, (...) et cependant (...) rien de fade [chez Renoir] (MAUCLAIR, Maîtres impressionn., 1923, p.113, 114). b) P. méton. Effet de nacre. Tout ce qui passait de jour dans la pièce venait mourir dans les nacrures de cette chair, où l'embu des sueurs légères rendait plus vivante la matière même de la dormeuse (ARAGON, Beaux quart., 1936, p.377). — [
]. — 1re attest. 1876 (J. CLARETIE, Le Beau Solignac, t.1, p.151 ds DARM., p.115); de nacre, suff. -ure1.
BBG. —KOHLM. 1901, p.23. — KRISTOL (A. M.). Color. Les Lang. rom. devant le phénomène de la coul. Berne, 1978, pp.89-91.nacre [nakʀ] n. f.ÉTYM. 1560; nacle, 1389; nacrum, 1347 dans un texte lat.; ital. anc. naccaro; arabe nǎqqǎrǎh « petit tambour ». → Nacaire.➪ tableau Mots français d'origine arabe.❖2 (XVIIe). Mod. || La nacre : substance à reflets irisés qui tapisse intérieurement la coquille de certains mollusques; couche lamelleuse de la coquille. || La nacre est formée de lamelles parallèles et alternées de conchyoline et de calcaire. || Nacre des perles. || Nacre blanche, rosée. || Origine des nacres. ⇒ Burgau, burgaudine, mulette, perlière (huître). || La nacre, utilisée en bimbeloterie, marqueterie, tabletterie… || Bouton (→ Manchette, cit. 2), éventail (→ Fanfreluche, cit. 2), plateau de nacre (→ Lampe, cit. 22). || Polir la nacre à la meule (→ Émeulage). || La neige semblait une poussière de nacre (→ Frimas, cit. 7). — L'Étui de nacre, œuvre d'A. France.1 (…) la substance exquise qu'il (le coquillage) a formée en déposant alternativement sur la paroi le produit organique de ses cellules à mucus et la calcite de ses cellules à nacre, verra le jour, séparera la lumière en ses longueurs d'onde, et nous enchantera les yeux par la tendre richesse de ses plages irisées.Valéry, Variété V, p. 31.♦ Vx. || Nacre de perles (Molière, l'Avare, II, 1).3 Littér. Couleur de nacre; reflets nacrés (→ Écaille, cit. 4; gris, cit. 23).2 L'amoncellement étincelant des coquillages faisait sous la lame, à de certains endroits, d'ineffables irradiations à travers lesquelles on entrevoyait un fouillis d'azurs et de nacres, et des ors de toutes les nuances de l'eau,Hugo, les Travailleurs de la mer, II, I, XIII.3 (…) les dorades grasses se teintaient d'une pointe de carmin, tandis que les maquereaux dorés, le dos strié de brunissures verdâtres, faisaient luire la nacre changeante de leurs flancs (…)Zola, le Ventre de Paris, t. I, III, p. 150.❖DÉR. Nacré, nacrer, nacrier, nacrure.COMP. Nacroculture.
Encyclopédie Universelle. 2012.